48 LA CRISTALLISATION INTÉRIEURE.

Ce jeune homme venait de temps en temps dialoguer. Le contact direct dans une relation d’éveil induit sans effort le recentrage intérieur. A chacun ensuite la vigilance afin de demeurer dans cette paix. On ne sait jamais à l’avance le contenu de l’entretien. Il jaillit spontanément, après l’écoute de la demande. « Depuis quelques jours, la cristallisation intérieure s'intensifie. "Dieu met de l'ordre". Tout est revu aux yeux de l'unité. Les opinions passées, les choix, les rejets; tout est passé au crible de l'unité. "Est-ce vraiment ça que tu veux?" Demande-t-on à l'ego..." Oui", répond-il, "dûssé-je en mourir". C'est finalement l'ego lui-même qui s'efface devant le Suprême. Je ne peux plus faire quoi que ce soit sans que la motivation soit regardée par l'unité. Le processus impersonnel prend les rennes en mains. L'ego est en liberté provisoire... » « Que vais-je faire ce week-end? Quand "tu es Dieu", que vas-tu faire? C'est étonnant de voir comment nous vivons d'habitude; ce après quoi nous courons sans que cela soit clairement conscient. Nous ne pouvons plus tricher maintenant. Tout apparaît en évidence. La verticalité qui était un fil tendu vers l'Absolu est maintenant un torrent qui balaie tout sur son passage. Je suis emporté. La vie d’antan semble s'éloigner. Les rouages egotiques sont démontés. Tout, tout, tout est démonté. Mais le mécanicien a la main sûre du Parfait. C'est un peu comme si la statue de terre était polie au point qu'elle se mette à briller. Tout ce qui était sombre devient brillant. Tout ce qui était passé devient présent. Tout ce qui était bloqué devient vibrant. Tout devient cristal parfait. Il n'y a plus que le Parfait. Je ne vois plus personne d'autre, plus rien d'autre. » L’ego n’existe pas. Ne croyez donc pas en lui. Cela peut le maintenir à vos yeux. Attention à votre langage. Les mots structurent notre perception et notre conception du monde. Votre expérience très positive appelle la chute. La cristallisation intérieure débouche sur la vision de l’inexistence de l’ego. Demandez-vous comment cet ego illusoire semble présent dans votre mental. Dans l’instant, est-il vraiment là? Sans les images du passé relative à cet individu, à ce corps-ci, peut-on encore parler d’ego? Laissez de côtés les opinions des autres qui vous ont peut-être traité d’égoïste. L’apparence n’est pas l’essence. Le consensus familial, social fait obstacle à cette vision immédiate: l’ego n’existe pas, il n’a jamais existé. Tout le contenu mental ne disparaît pas, simplement la croyance d’être « moi ». L’ego peut s’effacer devant le Suprême. Si vous ne comprenez pas comment, il renaît et vous laisse désemparé. Tant que l’évidence de l’inexistence de l’ego n’a pas transpercé votre intelligence, les retours en dualité seront probables. Comprenez bien: l’ego ne va pas mourir, s’effacer. Il n’est pas, n’a jamais été.

49 « IF YOU WANT TO BE FREE, BE FREE!... »

Comme dit la chanson. Les vérités les plus fondamentales sont souvent chantées sur la place publique. « If you want to be free, be free! » Si tu veux être libre, sois libre. Libère-toi! Nul autre que toi te retient prisonnier. La liberté est notre héritage fondamental. S'il nous semble que non, c'est par oubli de nos choix antérieurs. Tout est là. Un jour nous nous sommes identifiés à ce corps physique, avec son contenu affectif et mental; avons cumulé les souvenirs de cet individu afin de lui offrir de la durée, puis, par l’attachement à quelqu'un, à quelque chose, au devenir, à l’avoir; nous avons choisi de nous emprisonner! La possession est devenue notre loi, jusqu’à noyer l’être sans trait, créant un sac de noeuds inextricable à l'intérieur, tout cela pour échapper au néant, sans voir la nature de ce néant: notre propre nature foncière... Il y a les attaches et les refus, les fuites. Eux aussi nous emprisonnent. Apparemment, nous n'avons pas choisi nos refus, nos peurs. Et pourtant, regardons bien, à toute peur correspond une attache: peur de la mort= attache à la vie, à l'intégrité physique. Il n'y a jamais de peur en soi. La peur est toujours le pendant négatif de quelque chose de positif, ou apparemment positif. Si nous lâchons nos attaches, les peurs n'auront plus de prise sur nous. Au fond, les désirs et les peurs ne visent-elles le maintient de l’ego? Ce mirage mental semble exister seulement par la continuité de sa quête personnelle, au prix d’une énergie immense. Cette jeune femme revenait après un mois. Elle avait été abandonnée par "l'homme de sa vie" quelques temps avant. Ça n'allait par très fort. "je suis à deux doigts de quitter mon travail. Je suis incapable d'assumer les responsabilités qui m'incombent." Elle travaillait dans le social. "J'ai plus de problèmes que les gens que je dois aider!" Manifestement, elle était redevenue enfant. Dépendante d'aide et d'affection. "Je n'ai plus l'énergie pour gérer les problèmes de tous les jours. Tout me semble une montagne. Je ne peux plus me concentrer; bref, je suis à plat." "Regardez ce qui se passe: vous avez choisi d'être comme une enfant perdue sur le bord de la route, vous disant "je vais bien trouver un papa! Je vais sûrement faire pitié. On ne laisse pas pleurer une petite fille perdue, toute seule au bord du chemin." Et bien sûr que tout votre comportement doit être demande et dépendance, sinon le plan ne marche pas. Donc vous renoncez à gérer correctement votre travail; vous vous laissez couler. Prenez conscience que c'est votre choix, que c'est uniquement vous qui pouvez changer cela! Est-ce qu'une petite fille du passé doit choisir votre liberté, votre travail du présent? Ne luttez pas contre ce fait; simplement prenez note impersonnellement." _ "Ça va prendre des années pour me libérer de mes demandes." _"Qui vous a dit que cela prenait des années? Cela peut se faire en quelques minutes! Les émotions vous conditionnent dans la seconde; pourquoi la profondeur ne lâcherait-elle pas prise aussi vite? Laissez de côté toutes les pensées au sujet de la psychologie. Ouvrez-vous à la nouveauté, l'instantanéité. Je vous le répète: c'est vous qui tenez les barreaux de la prison intérieure, lâchez donc prise!"

50 PRÉSENT ABSOLU.

La paix de l'esprit que procure l'état naturel de l'unité nous donne l'impression d'être pour la première fois présent. Nous nous rendons compte que sans cette conscience de l'unité, nous pensons la Réalité, mais nous ne la vivons pas. Avec ce présent, vient la lucidité totale que jamais nous n'avons connue avant. Le contraste est saisissant. Nous sentons toutes les couches de notre esprit à l'écoute. Dans une conscience habituelle, nos couches profondes sont toujours occupées à quelques recherches de résultats.

                          *
51 "LE DEUX RETOURNE Â L'UN; NE VOUS ATTACHEZ PAS Â L'UN." Shin-Jin-Mei.

L'unité, mieux nommée « non-dualité », fascine l'esprit, active notre volonté de liberté, pousse notre élan vital dans la quête de la non-dualité. Mais le Principe est non-intentionnel, non-discriminant. Devant l’unité, la joie, l’impatience de fondre en elle... bref, l’intention de la saisir trouble notre vision du Réel. Et bientôt, cet Eden non-duel, un instant pressenti, nous échappe à nouveau. L’énergie unitive manque dès que surgit la volonté personnelle. Telle est notre croix. Nous devons mourir à notre soi-disant libre-arbitre. Mais pas mourir par offrande à Dieu, mais par la compréhension jusque dans nos couches inconscientes que la volonté personnelle, fût-elle de saisir l'unité, est éloignement de l'unité. Voir l’inexistence de la personne, de l’ego, nous ouvre à l’Un, car dans ce cas également, l’intention disparaît. Si l'intention ressort de notre for intérieur, prenons garde! Le Karma, ce n'est rien d'autre que cela: j'ai compris et pourtant, en moi, des désirs sans rapport avec l'union au Principe viennent restreindre l’ouverture du coeur. Le corps demande, et l’ego s’empare de ce désir naturel pour exister durablement. Le désir, en lui-même, est impersonnel. Mais la façon dont l’individu saisit cette occasion pour en faire un light-motiv, un pilier de son être, témoigne d’un processus courant de la mentalité egotique. A nous de nous libérer de la dualité et de la souffrance. Nous devrons lutter longtemps contre nos habitudes décennaires de fuir et de désirer pour avoir l'impression de vivre. L'arrêt de la dualité est vécu par certaines strates de notre esprit comme leur propre mort. Les strates du désir et de la peur vivent grâce à la dualité. L'effort de vigilance, cet effort à nul autre pareil, fruit de notre compréhension, débouchera sur le non-effort de la vision entière et spontanée de ce-qui-est. La Voie n'est pas difficile, en revanche, tout le reste est complexe. Mais nous sommes tellement imbibés de complexes que nous ne les voyons plus quand nous sommes en plein dedans. C'est l'unique problème. Tous les soirs, avant de nous endormir, demandons-nous: « qu'est-ce que je voudrais bien avoir, être? » Si le silence est la seule réponse, nous sommes mûrs pour embrasser le Principe ... Nous devons être alors en état de mort relative au monde quand nous nous endormons. En revanche, si nous avons le moindre projet qui nous tient à coeur, s'en est fait de l'unité, du Tao. Notre mental est petit. Parfois très bien fait, mais petit quand même. Il ne peut à la fois nous centrer dans le Principe en ayant compris ses limites, et donc en restant inactif dans la perspective essentielle évidemment, et nous permettre de courir les lièvres de la vie relative. Nous devons choisir entre la Non-dualité, et le monde des contrastes et de la souffrance. Notre énergie va nous permettre cette mutation mentale vers la liberté quand nous sentirons que la non-dualité est l'aventure de notre vie. Si nous portons un attrait pour la libération spirituelle, mais qu'elle ne nous semble pas essentielle, jamais nous n'atteindrons autre chose qu'une conception philosophique de la Réalité, certes inspirante pour l'intellect, mais inapte à produire la métanoïa libératrice. Nous ne devons par craindre la révolution de l'esprit. Elle ne va pas faire de nous quelques prêcheurs en haillons, mendiant la pièce dans la rue en criant la bonne parole... La révolution sera avant tout intérieure. Notre conduite sociale pourra se perpétuer telle quelle. Il se peut aussi que nous abandonnions la vie que nous menons. Cette révolution est l'institution de l'ordre naturel. Tout se fera au mieux de nos possibilités, et des besoins de l'environnement.

52 LE MAHABARATHA.

Le MAHABARATHA. En son coeur: le dialogue entre Krishna et Ardjuna: "Quand tu verras également du sable et de l'or, un mendiant et un maharaja, un sage et un porc, un chien et l'homme qui mange le chien (!), alors tu connaîtras l'UN." Voici qui nous rappelle: "Quand l'esprit n'est pas soumis à la différenciation, il reste serein dans l'unité des choses." Shin-Jin-Mei. Krishna ajoure: "Ne t'attache pas aux résultats de tes actions, mais seulement à l'action elle-même. On ne pourra pas tuer la vie qui est en toi; mais si ton corps meurt, ton esprit débarrassé des illusions contemplera l'Infini. Une fois établi dans l'Unité, retourne dans l'action; Moi-même, dit Krishna, Je continue d'agir sans fin. La victoire compte autant que la défaite. Regarde-les du même oeil." Nous retrouvons les thèmes majeurs de la Non-dualité. La sagesse millénaire de l'Inde témoigne...

53 RETROUVER SON AME D'ENFANT.

Quand nous retrouvons un espace intérieur libre, nous redécouvrons notre âme d'enfant. L'enfant n'est pas encore conditionné par le monde des pensées, de l'interprétation, de la comparaison. Son espace intérieur est vierge, sans limite. C'est l'enfant de l'infini. Il vit le sans-limite comme un état naturel. Petit à petit, l'espace s'encombre. L'enfant n'y prend pas garde, puisque ce sont des adultes qui lui proposent ou lui imposent des "meubles intérieurs", soi-disant indispensables pour vivre dans le monde! Un jour l'ex-enfant se réveille adulte, il a même oublié cet espace vierge; il gardera pourtant une certaine nostalgie de la conscience lumineuse de l'enfance, celle-là même qui n'était pas embarrassée... Mais il a oublié que cette lumière intérieure est celle du vide. Nous sommes tous les enfants de l'infini. Pourquoi avons-nous renié à ce point cette liberté intérieure au profit... d'aucun profit!!! Rien ne nous empêcherait de vivre notre société de consommation dans la liberté intérieure. Le capitalisme n'a pas à craindre la liberté intérieure de l'homme. Est-ce uniquement l'habitude, la mauvaise éducation culturelle, un penchant biologique, la pression sociale, que sais-je encore, qui nous détourne de l'intériorité? La rutilance de l'environnement nous projetterait-elle au dehors? Nul besoin, c’est heureux, ne s’impose de retrouver les causes pour apporter le remède en cette matière. Encore faut-il apporter le remède! Laissons les enfants dans le non-conditionnement; remplissons doucement leur cerveaux pour que le vide intelligent ne disparaisse pas dans les meubles. Respectons l'espace intérieur; notre richesse humaine réside là. La crise d'adolescence est sans doute une dernière réaction pour chasser l'encombrement; un dernier sursaut avant l’essoufflement. L'adulte reconnaît parfois dans les événements de la vie, dans des films ou des livres ce parfum inimitable de la liberté primale... Encore quelques regrets et la vie suit son cours . Secouons-nous, tant qu'il est encore temps, que nous ne sommes pas tout-à-fait endormis dans les meubles voilant l'espace illimité de notre monde intérieur. Réveillons-nous! Je revoyais cette jeune femme après quelques mois... Elle m'apprit vouloir tout plaquer à la suite de la découverte de ce champ de liberté intérieure. Ses enfants, son travail, son mari, sa maison... Elle ne supportait plus la moindre contrainte; Dieu sait si la vie d'une mère de famille avec les enfants en bas âge, le travail, l’absence de loisir, est contraignante! Elle me dit spontanément « faire sa crise d'adolescence! » Elle se voyait partir en Indes comme tant de jeunes dans les années soixante. C'est très dur, me dit-elle de résister à cet appel de liberté. Mais elle était toujours là, avec sa petite famille, son mari et ses amis qui ne comprenaient pas du tout comment une femme comblée matériellement, avec de beaux enfants, pouvait rêver d'autre chose. Elle partait se promener dans la nature toute seule. Elle retrouvait ses impressions d'enfant, quand elle s'allongeait par terre pour communier avec les plantes, les arbres, les odeurs, les fleurs, les papillons... Le bonheur. Devenir "une grande personne" rime encore trop avec "carcan". Notre société atteindra l'âge d'or quand elle saura produire des adultes avec un coeur d'enfant, une ouverture intérieure, une sensibilité corollaire de cette espace libre; bref une compassion, une intelligence du coeur qui a peu cours de nos jours. L'enfant est le secret d'une telle société. Les adultes font avec peine le pas vers la liberté intérieure, leur sensibilité est trop émoussée, ce n'est souvent qu'une sensiblerie. Les plus aptes à faire appliquer des changements dans l'éducation, dans les habitudes, sont trop pris dans l'action pour faire eux-mêmes la démarche de retrait nécessaire à la prise de conscience intérieure. Les retraités ont le temps, mais leurs habitudes mentales et affectives ne seront-elles pas trop lourdes à soulever? Tout n'est pas perdu. La liberté amène elle-même à repousser les conditionnements pour peu que l'environnement ne soit pas trop répressif, encore que certains seront plus stimulés dans la répression que dans une liberté de pensée et d'expression. Et plus que cela, l'homme libre est heureux. Cela gage d'une future émergence du non-conditionné, de la liberté intérieure retrouvée. "Ne restez pas à ce niveau de la réaction", lui dis-je, "vous avez parfaitement observé ce qui se passe en vous. C'est le cheminement normal. Cette redécouverte de la liberté de l'enfant peut réveiller quelques passions vigoureuses. Mais ce n'est pas l'adolescente du passé qui doit gouverner votre vie actuelle. Vous devez laisser passer cette pression passionnelle tout en la regardant sereinement. C'est un déblocage de votre énergie." Elle dit: "Mais je ressens toutes les passions refoulées qui remontent: j'ai envie de faire de la danse, de la peinture." "Vous redevenez créative, c'est très positif et naturel, mais l'expression ne doit pas être pulsionnelle. Quand vous aurez laissé monter tous ces déblocages d'énergie, vous sentirez une nouvelle inspiration calme et profonde, expression de votre nature intime, et non pas des couches réprimées qui n'ont pas pu être entendues dans le passé." "C'est pour moi une véritable révolution; une découverte sans égal; je suis sûre maintenant que je resterai sur cette voie." Conclut-elle. La Voie a le goût de la vérité. Nous reconnaissons tous notre nature profonde sans limite dès qu’elle nous saisit. Cette nature nôtre parle d'elle même au coeur; nous inspire l'action juste, accomplie sans effort et sans but, et reconnue comme la plus adéquate. Cette action spontanée inspirée par l'espace intérieur libéré nous remplit de joie.

54 UNE VISION D'ENSEMBLE DES ACTIVITÉS HUMAINES.

La vision de l'unité du monde s'établit au départ par la prise de conscience du mouvement de l'énergie cosmique universelle. Le niveau de perception de cette énergie dans chaque être humain se situe en-deçà de son mental, dans la sphère instinctive. Les animaux vivent l'unité mais ne peuvent pas en avoir conscience, sans le miroir très humain « j'ai conscience que je pense ». Quand l'homme observe et ne recouvre pas ce miroir par des pensées, il peut jouir de la perception d’une énergie vitale unique chez les êtres vivants comme dans toute la nature. Cela donne le sentiment d'un corps immense fait de cellules disparates, comme des globules sanguins, circulants dans le même espace sans se toucher; mais participant d’un même corps, d’une même conscience englobant tout. Notre perception habituelle, focalisée sur l'intellect discriminant, ignore le plus souvent cette vision globale. Au contraire, elle accentue les distinctions entre les choses, entre les gens, et nous donne le sentiment de séparation nommé ego. L'ego est cet agent intégrateur de tous les mécanismes de comparaison, de discrimination, de projection, d'analyse, de choix, facultés indispensables de l'intelligence, oui, mais qui, se projetant dans le temps, fait croire à sa durée au point de priver l'individu de la vision naturelle du non-différencié, du foncier, de son unité en lui-même et unité avec le monde, laquelle s’épanouit hors du temps. Or, que ce passe-t-il maintenant dans le monde ? L'ego est devenu le roi. Les pays sont l'incarnation de cet ego-roi. Ils réagissent avec la même négation de l'harmonie universelle que le ferait un individu isolé. La guerre, la domination, la violence sont douces dans le monde animal à côté de ce que l'homme peut faire. Les lois de la nature, telle la dominance, par exemple, comme on le voit dans la lutte de deux mâles éléphants-de-mer pour gouverner le troupeau et féconder toutes les femelles, dont on sait les avantages génétiques, prennent chez l'homme une intensité et une cruauté exceptionnelle dans la nature . Quand l'un des mâles s'est déclaré vaincu, l'autre ne le terrasse plus; l'homme, pour sa part, n'hésitera pas à tuer le vaincu. Constatons tout de même que les barbares humains sont peu nombreux, mais malheureusement suivis par beaucoup d’autres, par peur, convention, bêtise... Le monde a pris cette tournure folle par la domination du principe ego. Et comme au niveau individuel, la vision impersonnelle amène à rejeter l'ego, source de la souffrance, de même, au niveau mondial, faudra-t-il se rendre compte de la perversion engendrée par ce même principe directeur. Cela dit, les lois de réaction levées par l'ego en action produiront tôt ou tard l'annihilation de ce même ego. Ainsi fonctionne l'ensemble, l'unité restera la loi première. On peut dire que la démocratie représente un pas décisif vers la liberté des peuples, par rapport à une dictature. Mais l'avenir de l'humanité sera de retrouver le sens de l'énergie foncière qui la porte depuis toujours et qui lui inspirera l'ordre général et pacifique propice à l'épanouissement de tous et de chacun. La clé doit se comprendre d'abord au niveau individuel, et ensuite de la société. Il n'y aura donc pas de frustration de l'individu en face de la société; car l'individu lui-même construira l'édifice social, non pas une fois, mais seconde après seconde; et restera le maillon inspirateur éternel. Rien, en effet ne sera écrit de cette loi-là. La Loi restera vivante par ce jaillissement constant en chaque individu. Jean-Jacques Rousseau n'a sans doute pas rêvé d'autre chose; mais il fallait l'accès à cette perception directe de l'énergie cosmique, de l'ordre de la Nature, pour que l'homme soit effectivement bon. (ANGERS, LE 17/12/89)

55 PRINCEPS DE LA VOIE DU MILIEU.

La Voie du Milieu nous permet de retrouver l'état d'indifférenciation de la conscience foncière. La moindre singularité fait disparaître cette conscience. Nous ne pouvons pas saisir l'Indifférencié. Nous ne pouvons que renoncer à faire des distinctions. Notre vigilance doit s'appliquer à rechercher en nous toute singularité pour l'abandonner. Même ce qui nous semble juste, vrai, doit être laissé avec leurs opposés. Quant à l’ego, il semble exister par une confusion des perceptions, une interprétation fausse de l’existence d’un être, d’un acteur chapeautant les couches de l’esprit. En fait, ce n’est qu’un agglomérat de souvenirs épars relatifs au corps, qu’une anticipation du futur, du résultat. Une vision juste constate son inexistence, et la disparition des conflits liés à sa présidence illusoire. L’ego est une conclusion hâtive de l’intellect. C'est pourquoi, nous devons dépasser: -le langage et la pensée, l'analyse et la comparaison. -le temps également, le passé, le futur doivent disparaître pour que le présent devienne atemporalité. -l'espace ; la dualité intérieur/extérieur. L'espace corporel intérieur est alors illimité; nous ne repoussons pas les perceptions sensorielles, nous ne recherchons pas le vide; nous ne nous tournons pas non plus vers le sujet, ce qui est vain, l'oeil ne se voit pas lui-même; nous sommes en équilibre entre l'extérieur et l'intérieur qui sont alors imperceptibles. Extérieurement, nous abolissons les limites, les barrières qui nous protègent; nous dépassons même l'être et le non-être du monde. -La dualité sujet objet. Aussi illusoire que l’existence de l’ego, lequel s’appuie effectivement sur celle-ci en faisant croire à un sujet absolu et personnel. Le sujet et l’objet sont également inexistants, encore une interprétation dualiste de l’unique « mouvement de voir, d’écouter... » sans personne à l’écoute ni objet perçu. -Enfin, nous ne distinguons plus l'essence universelle, le non-manifesté, telle une divinité transcendantale, un plan divin, du monde manifesté. Tout cela constitue un seul et même champ absolu. Alors s’installe la liberté totale et inconditionnée de notre esprit. Il n'y a plus aucune règle à observer. Tout se fait sans notre intervention volontaire; sans effort. Nous sommes toujours dépendant des lois universelles, mais nous les vivons avec un sentiment de participer à un jeu divin. C'EST LA VIE QUI AGIT EN NOUS. Nous avons un sentiment d'égalité envers tout ce qui peut se produire, événements, rencontres, vivant sereinement l'impermanence des choses et des êtres, avec une impression d'invulnérabilité, non pas par protection, mais simplement parce que nous ne sommes plus rien; qu'y aurait-il alors à détruire? Le sens du Réel est donc particulier: Impression de non-être alors que nous sommes manifestement plongés dans l'être. En fait, ni être ni non-être; cette distinction-là est tombée aussi. Le passé ne pèse plus. Nous avons une sensation de densification de notre énergie interne, accompagnée de transparence. Un sentiment de liberté, de compassion, d'infinitude... TELLE EST LA VOIE DU MILIEU.

56. LA FORCE VIENT DE L'INDIFFÉRENCIÉ.

Notre ouverture à l'indéfini donne le sentiment de la liberté. Effectivement, seul l'indifférencié fait éclater les limites dont nous jalonnons notre route. L'idée même de liberté est une prison pour la conscience qui est réellement libre. L'abandon de toutes les références de la pensée laisse le champ vierge et fécond. La peur de l'inconnu peut nous faire reculer devant tant de liberté. C'est là que nous voyons combien nous aimons les limites établies. Mais ces limites emprisonnent bien plus qu'elles ne sécurisent. Plus encore, nous regardons notre état conditionné comme un puzzle fini qui nous prive de l'air du large. On nous a trop répété la connaissance du monde, des autres et de nous-mêmes, ce qui est un comble! Et cette connaissance a obturé notre intelligence. L'intelligence, c'est « lire entre ». Entre quoi? Lire entre les pensées, entre les bribes du puzzle qui finissent de nous donner une fausse vision de continuité. Lire les pensées n'a jamais été une marque de l'intelligence; mais lire entr'elles, voilà le véritable challenge. Lire l'espace de liberté entre les choses conditionnées. Nous ne pouvons pas respirer de l'eau. De même, nous ne sommes pas fait pour respirer mentalement la connaissance, mais uniquement l'espace non-conditionné qui donne la vie. La fraîcheur de l'enfance vient essentiellement de cette non-oblitération des espaces de liberté entre les mots, la pensée, les perceptions. Avec le temps, nous voyons le champ se couvrir jusqu'à masquer toutes les fentes entre les objets connus. Cela est insensible. Nous n'avons pas de méfiance devant ce remplissage sournois. Et un jour, nous nous réveillons avec l'impression de tout savoir; le champ est totalement connu. Mais le champ est totalement mort! Car la vie est liberté et vide, ouverture; la mort est au contraire remplissage statique, encombrement de la conscience, insensibilité. Retournons à cette liberté foncière, notre héritage toujours présent et le plus souvent recouvert. Nous avons besoin de cet espace intérieur régénéré pour être heureux.

57 VANITAS VANITATIS.

Vanité des vanités, tout est vanité et poursuite du vent.(Ecclésiaste). Tout est éphémère. Pourquoi s'attacher alors à ce qui ne dure pas? Celui qui ne s'attache pas à l'éphémère connaît bientôt l'indifférencié. Celui qui connaît l'indifférencié connaît l'Unité. Celui qui connaît l'Unité est un sage. Tout ce qui est né doit mourir. Ainsi va la vie. Nous pouvons jouir de la vie qui passe, mais pas nous attacher. Nous pouvons profiter de l'instant, mais nous incliner quand il passe. Celui qui vit l'Unité, ne connaît plus l'éphémère. Les objets ne sont plus différenciés, c'est pourquoi leur apparition ou leur disparition ne laisse aucune trace, telles les vagues dans l’océan. Bienheureuse impermanence.

58 L'ETRE EST IMMOBILE.

L'Etre se révèle dans l'innocence la plus totale. Sans intention, Il donne corps et embrasse l'univers qui s'étend sans but aux confins de l'infini. L'ETRE EST IMMOBILE! Ou mieux: L'ETRE N'A PAS DE MOBILE. Nous le voyons écrit et pourtant nous allons faire une effort pour le chercher. Cela fait trop longtemps que nous cherchons des choses relatives. Quand nous nous tournons vers l'Etre, nous usons des mêmes outils rustres que pour attraper un zèbre! NOUS DEVONS ETRE SEMBLABLES AU PRINCIPE: IMMOBILES. Alors, seulement, nous serons...rien: Non-être... On est moins tenté de rajouter quelque chose. Nous ne devons pas faire un effort pour être immobiles. Nous devons comprendre le Principe Immobile. Alors, sans effort, abandonnés, nous sommes saisis par l'Insaisissable. Mieux encore, nous constatons que l’être ne nous a jamais dessaisis depuis l’aube des temps...

59 LA RELIGIEUSE

Cet après-midi, en consultation, une religieuse. D'apparence laïque, elle est enseignante. Elle me dit qu'en ce moment, elle a du mal à vivre. Elle vit dans l'attente d'une inspection qui ne vient pas. Nous en venons à parler de la Présence Intérieure. Elle connaît bien cette expérience. Mais elle n'a pas connaissance des clés de ce vécu. Si l'Énergie la quitte, elle ne sait plus quoi faire pour la retrouver. Alors elle attend. Sa patience la sauve. Q_"J’ai envie de dire, je sens bien que l'anxiété est superficielle, et que l'expérience de Dieu est toujours au fond; mais je ne la sens plus en surface, et j'en suis malheureuse. Je ne peux plus donner aux enfants ce que je donne d'habitude: la découverte de leurs potentialités. Je ne peux pas être moi-même." R_"Regardez cette tension sans fuir. Au contraire, prenez-la à bras-le-corps. Vous découvrirez sa source et vous pourrez rétablir l'équilibre intérieur. Vivre dans une attente hypothétique comme vous le faites est une dépense d'énergie inutile. Adhérez à votre peur en face d’un événement imprévisible, en une seconde, vous pourrez retrouver la sérénité. Mais ABANDONNEZ-VOUS, pas au futur, mais uniquement au présent! Savez-vous le futur? L’humilité seule nous permet d’accueillir cette incertitude; laquelle n’est-elle pas au fond une bénédiction, un gage de liberté?" Q_"Vous avez raison, je ne m'abandonne pas."(silence) R_"Peut-être avez-vous besoin de vous abandonner à quelqu'un, plutôt qu'à l'Impersonnel?" Q_"Jusqu'à présent, c'est ce que j'ai vécu. Mais la vision impersonnelle que vous m'avez décrite vibre en moi d'une promesse de liberté plus grande..." R_"Une relation personnelle nous ramène trop souvent à nous-mêmes; un nous-mêmes serviteur, peut-être, mais un personnage encombrant le ciel limpide du Sans-limite. Tant que nous sommes là, soyons serviteur de l'Impersonnel, mais tôt ou tard, il nous faut dépasser toute relation pour rentrer dans l'Illimité."

60 L’UNITE OU LE DIABLE...

Le sentiment de l'unité ne vient pas de la superficie de l'esprit; mais de sa profondeur. Tant que nous restons attachés à la surface, nous ne pouvons vraiment ressentir la globalité du monde. Mais si nous acceptons de nous ouvrir à la source de notre être, alors, le trésor, la perle cachée se révèle à nos yeux ébahis. Ce n'est pas notre conscience qui peut embrasser le cosmos, mais bien notre inconscient qui par nature, contient déjà l'infini des possibles. Nous ouvrir à ce trésor inestimable de notre coeur et de notre âme, c'est accepter de disparaître en face de ce qui n'a pas de frontière, du sans limite, de l'infini. Sans quoi, notre petit moi se maintient et nous prive de l'air des cimes Himalayennes.

61. HEUREUX DANS LA S0UFFRANCE...

A la seconde où nous collons au réel, nous sommes heureux. Quel que soit ce réel. Habituellement, nous collons à la réalité quand elle nous plaît. C'est une découverte fantastique de voir la joie apparaître uniquement parce que nous adhérons à ce-qui-est. Simplement, prenons conscience qu'il nous faut adhérer à la réalité même si elle nous déplaît. Pourquoi nous priver de ce bonheur non dépendant, ou disons dépendant de notre capacité à dire oui à ce-qui-est? Ce mouvement unique est vraiment divin. C'est le signe que nous ne sommes pas sur terre pour souffrir, puisque nous pouvons être heureux même dans la souffrance. Cette adhésion à ce-qui-est vient quand nous voyons combien il est vain de repousser ce-qui-est. C'est déjà là, alors à quoi rime le refus? Ceci ne nous empêche pas de changer les choses, autant qu'elles puissent l'être; mais avant tout, nous en sommes libres immédiatement. C'est quasiment miraculeux. Physiquement, nous ressentons une intégration de l'énergie qui devient comme compacte. Alors que quelques secondes avant, nous nous sentions vides. La vision de tout ce qui nous déplaît, et qui est plus ou moins conscient, était ravivée; la lumière de la vigilance nous faisait prendre conscience de ce poids que nous supportions par manque d'observation. Dès que nous voyons cela, nous mettons de l'ordre pour une meilleure utilisation de l'énergie. En un instant nous sommes centrés, libérés des contingences d’événement.

62. QUI EST CELUI QUI VOIT?

Bassui, maître japonais zen, du millénaire précédent résumait la Voie à ceci: "QUI EST CELUI QUI VOIT?" Pour lui, quiconque se posait cette question avec l'intensité nécessaire voyait bientôt son visage originel. C'est-à-dire qu'au delà de la conscience fonctionnelle, avec la disparition de l'objet et du pseudo-sujet, l’ego, se révèle LA PRÉSENCE.

63 . LA MORT.

La mort m'a rattrapé. Sa face de néant a broyé mes dernières illusions. Le gouffre; le trou noir. Je la sens physiquement; comme un souffle qui part du ventre et remonte jusqu'à mes lèvres. Ma bouche, telle l'entonnoir de ce trou noir, pousse un cri de silence. Je n'ai plus d'yeux pour pleurer, plus de mains crispées sur la vie qui s'en va... La glorieuse unité du monde, jeu de la conscience-énergie se laisse entraîner inexorablement dans le gouffre néantiel. Je meurs.

64. L'IMPOSSIBLE "JE".

La vie est devenue impossible pour ce "moi". IMPOSSIBLE! Je n'en peux plus, ce monde est absurde pour le "moi"; écartelé entre le désir et la peur. La vie n'a un sens que pour le cosmique. Le "je" sera toujours dans la fournaise. Et voici qu'il éclate en lambeaux, se morcelle. La vision cosmique apparaît comme la seule possibilité viable. PLUS DE "JE", PLUS DE "JE", PLUS DE "JE"! Le « je » n’a jamais existé. Il est un mirage dans le désert du pur esprit. La mort efface toutes les limites, ouvre la dernière porte. Ainsi soit-il!

65 LE VIDE.

L'esprit est prompt à se remplir. C'est une éponge. Et pourtant, qu'il est doux de se sentir vide. Tel un réceptacle limpide, un canal pur, l'esprit vidé peut alors se laisser traverser par le nectar divin, lequel nectar n'est pas sauvage; mais s’offre à nous tout le temps. Mais jamais nous ne lui laissons l'opportunité de se manifester. Nous avons trop peur d'affronter le vide intérieur, affronter la mort, la mort de l'ego. Dans le vide, l'ego ne peut pas rester le maître. L'uniformité est la fin de l'ego. Sans choix à faire, le dictateur ne peut pas s'imposer. Le flou de l'indifférencié désarçonne le moi. La dépression le guette. S'il est capable un jour d'affronter ce vide, il pourra découvrir le trésor caché au fond de lui, c’est-à-dire constater son absence...

66. LE COURANT DE LA VIE.

Je revoyais après de longs mois ce directeur de banque. Il avait apparemment tout pour plaire aux autres et à lui-même. Grand, élégant, les yeux azurs, les cheveux argentés, on aurait pu le placer au sommet sans qu'il dépare. Cet homme était pourtant venu me trouver parce qu'il avait peur. Non pas de quelques traquenards politiciens, mais simplement de l'avancement que ses hautes fonctions allaient impliquer prochainement. Il doutait de ses capacités. Une terreur d'enfant lui serrait les tripes à l'idée de monter à Paris où ses nouvelles fonctions allaient l'appeler. Pourtant, après trente ans d'activité professionnelle, il aurait pu comme tant d’autres savourer l'avancement qui couronnerait sa carrière. Pour lui, c'était l'horreur. Ses grandes capacités intellectuelles lui décrivaient par le menu le pourquoi du comment de son état sans que celui-ci semble s'améliorer. Toute sa vie montrait une incapacité à lutter. Jusqu'à présent, il s'était laissé porter par les événements. Et maintenant qu'il aurait à prendre des décisions importantes, il se sentait démuni. Ce n'était qu'un manque de confiance en lui-même, car il avait à l'évidence les facultés requises. Son enfance avait dû influencer cette inhibition, ce manque de combativité. Des parents très rigides. Il finissait de décrire froidement sa situation, puis ajouta: _"j'ai cru comprendre cet état de liberté que vous m'avez décris naguère, pourtant aujourd'hui je suis sans force devant le constat de ma faiblesse. Je suis écartelé par le choix qui s'offre à moi. Partir pour cette promotion qui m'effraie, ou rester ici, si j'ai le choix, pour être mis un jour au rebut." _Avez-vous essayer de vous laisser porter par le courant de la vie? _"J'imagine que si j'étais un je-m'en-foutiste cela serait facile comme décision à prendre, car au fond, qu’est-ce que je risque?" _Je ne vous propose pas de faire fi de tout. La différence entre le laisser aller et suivre le courant de la vie est subtil à distinguer. C'est un point important à éclaircir pour ça. La vie soutient des milliards d'individus dans les différents règnes depuis des milliards d'années avec succès. Nos cellules fonctionnent en harmonie sans que nous y soyons pour quelque chose, et cela se fait très bien. Pourquoi ne pas confier notre vie personnelle à cette force qui fait tourner la Terre? _"Mais comment percevoir cette force?" _Quand on renonce à faire des catégories, des séparations artificielles dans notre perception du monde, le mouvement général apparaît et il n'y a plus qu'à le suivre. Dans cet état de conscience, il n'y a pas de choix. Nos perceptions sont tellement aiguës que le bon choix s'impose de lui-même. Dans votre cas, il faut voir ce-qui-est. Toutes les implications du passé, par exemple devront être vues dans la décision à prendre. Devez-vous réagir en fonction d'un passé révolu? Vos capacités actuelles sont une référence plus sûre. La décision que vous prendrez seul sera la résultante de toute votre intériorité déployée. Alors, vous ne pourrez jamais regretter quoi que ce soit. _"Je comprends ce que vous me dites. Mais je ne perçois toujours pas ce mouvement dont vous parlez. Il ne me reste plus que quelques jours avant de donner une réponse. Cela sera-t-il suffisant pour découvrir ce dont vous parlez?" _Voyez la vérité que vous êtes entièrement démuni. Laissez ce vide vous gagner. Un abandon. Si vous vous abandonnez sans arrière pensée, innocemment, alors ce mouvement atemporel vous envahira; la question disparaîtra, la solution naîtra simplement dans le champ de conscience. Mais qu'il est difficile de s'abandonner quand sa propre vie, celle de ses enfants et de son épouse est en cause!... _"Vous appuyez cruellement le fait!" _Constatez avec moi cette difficulté presque insurmontable et ne faites aucun mouvement pour fuir ce fait. Que ce passe-t-il? _"J'ai envie de pleurer." _Laissez-vous aller; c'est le début de l'abandon. Vous sentirez bientôt le roc foncier vous soutenir, dans votre vie et dans votre choix. N'ayez pas l'impression de sombrer dans la dépression. Soyez confiant en la Nature des choses.

67 POEME
J'ouvre mes ailes blanches tant recroquevillées
Depuis l'aube des temps que j'ai peur de voler
Mais j'ai bu si longtemps le Duel et la ciguë
Qu'enfin libre l'esprit s'enfuit vers l'Absolu.
Derrière moi sont restés les tout derniers attraits
Que l'ego aveuglé et jouisseur recherchait
Aujourd'hui, j'y repense alors que le jour point
Et ce n'est plus pour moi qu'un cauchemar lointain.
Le coeur est éclaté, embrassant l'Infini;
L'univers doucement s'étend et se replie.
Ma voix emplit le Tout, soutenant les étoiles,
Et noyant ta conscience, c'est Dieu qu'elle te dévoile.
Petit homme, viens à Moi, et tu seras ravi !
Mes bras n'ont point cessé de d'étreindre, même si
Dans la nuit de tristesse tu m'avais oublié;
C'est l'aurore, mon enfant, il faut te réveiller.