Maître ECKHART
(Eckhart von Hochheim)
1260 - 1327
« Ce
point est la montagne
qu'il faut gravir sans agir.
Comprenne qui le peut !
Ainsi la voie te conduit-elle
à l'admirable Désert
qui se déploie sans limite
au
large comme au loin,
hors de l'espace et du temps.
Il se génère en Lui-même
dans la perfection de Son seul Être. »
"Dans
le Un on trouve Dieu, et il faut que devienne Un celui qui doit trouver
Dieu"
"L'instant
où Dieu créa le premier homme, et l'instant où le dernier doit disparaître,
et l'instant où je parle, sont égaux en Dieu et ne sont qu'un instant.
"
"On
peut concevoir la chaleur sans le feu et la lumière sans le soleil,
mais on ne peut concevoir Dieu sans l'âme ni l'âme sans Dieu, tant ils
sont un."
"Toutes
choses ont un pourquoi, mais Dieu n'a pas de pourquoi."
"Les
gens ne devraient pas toujours tant réfléchir à ce qu'ils doivent faire,
ils devraient plutôt penser à ce qu'ils doivent être."
"Dans
le royaume des cieux, tout est dans tout, tout est un, et tout est à
nous."
"Celui
qui connaît, et ce qu'il connaît, sont un."
"Ce
ne sont pas nos actes qui nous sanctifient, c'est nous qui sanctifions
nos actes."
"Si
tu crois savoir, Il n'est rien de cela. Il n'y pas Lui là et ici toi,
il y a un unique nous."
"L'homme
qui s'arrête aux délices du symbole, n'arrive jamais à la vérité tout
entière."
"Jamais ne surgit en nous un trouble qui n’ait sa source dans la
volonté propre, qu’on en soit conscient ou non."
"Beaucoup
de maîtres prônent l'amour comme ce qui est le plus haut, tel saint
Paul quand il dit : "Quelque tâche que j'entreprenne, si je n'ai pas
l'amour je ne suis rien." Mais je mets le détachement encore au-dessus
de l'amour. D'abord pour cette raison : le meilleur dans l'amour est qu'il m'oblige à aimer
Dieu. Or c'est quelque chose de beaucoup plus important d'obliger Dieu
à venir à moi que de m'obliger à aller à Dieu, et cela parce que ma
béatitude éternelle repose sur ce que Dieu et moi devenions un. Car
Dieu peut entrer en moi d'une façon plus intime et s'unir à moi mieux
que je ne peux m'unir à lui. Or, que le détachement oblige Dieu à venir
à moi, je le prouve ainsi : tout être se tient volontiers dans le lieu
naturel qui lui est propre. Le lieu naturel de Dieu qui lui est propre
par excellence est l'unité et la pureté, or celles-ci reposent sur le
détachement. C'est pourquoi Dieu ne peut pas s'empêcher de se donner
lui-même à un coeur détaché.
La
seconde raison pour laquelle je mets le détachement au-dessus de l'amour
est celle-ci : si l'amour m'amène au point de tout endurer pour Dieu,
le détachement m'amène au point de n'être plus réceptif que pour Dieu.
Or c'est ce qui est le plus haut. Car dans la souffrance l'homme a toujours
encore un regard sur la créature par laquelle il souffre; par le détachement
au contraire il se tient libre et vide de toutes les créatures.
Maintenant
tu demanderas : qu'est donc le détachement pour qu'il cache en lui une
pareille puissance ? Le vrai détachement signifie que l'esprit se tient
impassible dans tout ce qui lui arrive, que ce soit agréable ou douloureux,
un honneur ou une honte, comme une large montagne se tient impassible
sous un vent léger. Rien ne rend l'homme plus semblable à Dieu que ce
détachement impassible. Car que Dieu est Dieu, cela repose sur son détachement
impassible : de là découle sa pureté, sa simplicité et son immutabilité.
Dans
ce détachement impassible Dieu s'est tenu, et se tient encore, éternellement.
Même quand il créa le ciel et la terre et toutes les créatures cela
ne touchait pas plus son détachement que s'il eût jamais rien créé.
Oui, je l'affirme : toutes les prières et toutes les bonnes oeuvres
que l'homme peut accomplir ici dans le temps, le détachement de Dieu
en est aussi peu touché que s'il n'y avait absolument rien de tout cela,
et Dieu n'en est en rien plus clément ou mieux disposé envers l'homme
que s'il n'avait jamais fait ces prières ou accompli ces bonnes oeuvres.
Oui, même quand au sein de la divinité le Fils voulut devenir homme
et le devint et souffrit le martyre, cela ne toucha pas l'impassible
détachement de Dieu, pas plus que s'il n'était jamais devenu homme.
Tiens-toi
à l'écart de tous les hommes, ne te laisse troubler par aucune impression
reçue, rends-toi libre de tout ce qui pourrait donner à ton être une
participation étrangère, te lier au terrestre et t'apporter des soucis,
et dirige toujours ton esprit vers une contemplation salutaire : dans
laquelle tu portes Dieu dans ton coeur, comme l'objet devant lequel
ton regard ne vacillera jamais !"
Source
: http://www.onelittleangel.com
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