Ce qui suit est la réponse de Monko (du 02 01 2010) à l'un de mes mail (un peu long dont je vous épargne) :

* EVEIL

Inconsciemment, nous parlons souvent à partir du sentiment d'être une entité personnelle et séparée, laquelle a entendu parler de la possibilité d'un éveil qui mettrait fin à tous ses problèmes, et sourde à l'information selon laquelle cet éveil n'a rien à voir avec elle.
Alors cette entité, qui est une contraction, va se mettre au travail pour réaliser son propre au-delà, son propre suicide qui ne peut bien sûr qu'être là-bas et pour plus tard, le temps étant son carburant et la promesse de son maintien.
Cette entité n'étant qu'une simple concentration d'énergie en suspend temporaire dans l'incréé et absolument sans autonomie, il est facile de comprendre que personne n'est éveillé, personne ne l'a jamais été et ne le sera jamais.
Cette vision qu'il n'est personne ici pour faire, décider ou contrôler quoi que ce soit n'est pas LA libération mais l'ouverture de la dernière porte qui volera en éclats par l'irruption de l'amour.
Profondément tu n'es qu'éveil, il n'y a qu'éveil, le fait même que tu questionnes à ce propos le montre.
Car enfin, il ne te viendrait pas à l'esprit l'idée farfelue selon laquelle tu n'existerais pas, que tu serais un néant.
Il y a cette évidence d'un puissant sentiment d'être.
Le seul problème est cette mauvaise habitude de saisir ce sentiment, de le ranger dans une boîte, lui donner un nom, une forme, des caractéristiques... Tu peux voir cette tendance, et c'est l'éveil, la claire vision qui en prend note.
L'identification apparaît et disparaît, l'éveil ou la claire vision est. Quand il est vu (par personne), il embrasse tout, y compris l'identification et la non-identification: le véritable Eveil ne le serait pas s'il n'embrassait pas le non-éveil, le Paradis ne serait pas le Paradis s'il n'embrassait pas l'enfer...

* RESISTANCES

Pour commencer, tu ne résistes pas à la vie, il n'est personne pour cela. Ce qu'il y a, c'est le surgissement d'une résistance dans l'unicité. Et cette apparente résistance est en fait la vie même, son expression pure et parfaite, divine.
Elle est juste ce qui doit être.
Autrement dit, cette résistance surgit dans l'accueil inconditionnel, la claire vision.
La souffrance apparaît comme le résultat de l'implication et l'investissement, disons psychologique, et de l'attente et le devenir qui s'ensuivent dans le mouvement totalement impersonnel de la vie.
Il y a alors une restriction, une contraction qui se traduit par un "moi-je" résiste, "moi-je" ne veux pas de cette situation, etc...
Mais fondamentalement, tu es la liberté même qui te sollicite à chaque instant.
Autrement dit, avant d'être un fait, la souffrance est un choix. Et bien sûr c'est un choix divin, parfait. Mais il n'y a aucune raison ou justification valables à ce choix (sinon voir cette absence de justification).
Mais s'il se fait, c'est la réalité de l'instant, l'un qui "s'éprouve" à travers le deux. Bien sûr, de tout cela le mental ne peut rien faire, sinon comprendre qu'il ne peut rien faire et se satisfaire de cet état. Alors il se retire du jeu, reprend sa juste place...

* IDENTITE

Le sens de l'identité est un don de Dieu, tout-à-fait impersonnel.
Sachons juste qu'à la fin, Dieu le reprendra... Il n'y a rien de personnel lorsque tu te retournes à l'appel de ton nom.
C'est absolument sans problème et naturel, comme la pensée d'aller à la boulangerie chercher son pain.
Cela se fait "sans nous", pour ainsi dire, simple jeu du divin. Il y a juste Conscience, claire vision de ce jeu en lequel il n'est aucune implication.
L'identification, en revanche, est cette implication, cette saisie du sens de l'identité, l'impersonnel ramené à un sens du personnel et du séparé et le joueur se constitue prisonnier de son jeu, en subissant les règles. Nous nous connaissons comme un point dans l'espace-temps autour duquel tout va tourner, toute l'énergie étant réquisitionnée pour son maintien, sa protection, et la totalité ainsi que la beauté du jeu sont perdues...

*ACTIVITE ET DUALITE

Tout d'abord, il n'y a pas de domaine de la dualité; la dualité n'est qu'une apparence. Il n'y a qu'unité.
La relation apparente sujet-objet a pour essence l'unité qui la coiffe et la permet.
Ainsi le faire et le non-faire surgissent dans l'ouverture, et il n'y a jamais eu de sujet "faisant", personne qui puisse faire quoi que ce soit au sujet de ce surgissement.
Par exemple, l'idée d'arrêter de faire est également un surgissement totalement impersonnel. Le sujet "faisant" est en fait le Soi jouant à l'apparence d'un sujet "faisant"; mais en réalité il n'est que le Soi, qu'unicité.
Si le faire surgit, ce n'est pas une erreur, c'est ce qui est.
Mais l'investissement dans l'activité et la croyance qui en découle que la dite activité va nous mener quelque part est ignorance.
L'activité surgit et nous sommes la clarté en son sein, pure immoibilité.

*LOCALISATION

Prendre conscience que le regard qui illumine le monde en nous n'est pas du monde, ne vient pas de quelqu'un ni de quelque part, qu'il ne va ni ne vient...
Tout apparaît en lui qui n'est pas un ici ou un là-bas, ni un maintenant. Il embrasse la totalité de l'espace et du temps et est tout ce qui est, est unicité.
En lui apparaît le corps, les pensées. Mais le corps n'apparaît pas ici ou là. Il apparaît, point.
Il n'y a aucun point de référence. Et nous prenons goût à vivre ainsi suspendu dans la vacuité, dans la Présence.
Il n'y a que Présence, et il n'est rien ni personne pour aller où que ce soit, pour se situer ici ou là...