Ce qui suit est un message que j'ai envoyé à Monko (le 31 12 2009) et sa réponse *:

Bonsoir Monko,

Merci pour ta réponse.

Je suis ok pour que notre échange apparaisse sur ton blog, avec mon prénom.

Je suis de ton avis que l'impasse ou la souffrance est une chance ds le sens de potentiel d'éveil.

* Il n'y a pas de potentiel d'éveil car il n'y a personne qui soit impliqué dans l'éveil qui n'est pas un processus, lié à la causalité, au temps. A chaque instant il y a invitation, et l'acceptation impersonnelle de cette invitation est la chute du chercheur et l'ouverture à l'éternel.

En effet, par exemple j'ai connu une rupture sentimentale à 31 ans qui m'a permis de prendre conscience de certaines choses.
Pas tout car je suis retombé amoureux récemment et j'ai souffert du fait du décalage entre mon désir et l'impossibilité de le réaliser.
Peut être que quand on tombe amoureux, en fait on tombe amoureux de Dieu à travers l'autre, il est vrai qu'au début cette sensation d'unicité que l'on ressent ressemble à la paix...
mais une paix qui dépend de l'autre est dépendance et donc invitation à la souffrance et non une liberté.

* Oui, profondément il n'y a que l'amour; et l'autre n'est qu'une expression de cet amour.
"Rester" avec cette vision est célébration, l'un qui se célèbre à travers le deux, qui est une apparence.
Par la suite, c'est le mental qui s'empare de l'intemporel pour en faire un moment dans le temps qu'il peut contrôler. Le deux et la dépendance sont créées, et si c'est cela qu'il nous faut pour s'en retourner à l'un, alors c'est parfait.


Ensuite je comprends que l'ego cherchant l'éveil, c'est perdue d'avance... enfin pas vraiment, car c la souffrance indicatrice de désharmonie qui semble nous pousser à retrouver l'harmonie.


* La souffrance n'indique rien, la vie n'est pas un panneau indicateur car il n'est personne pour être mené où que ce soit. La vie, ou le drame de la vie n'a aucun sens ni aucune direction, elle est la beauté en mouvement; et ce mouvement est la grâce qui nous est offerte pour nous retrouver.
Le temps n'entre pas en jeu, la vie c'est l'intemporel qui parle à l'intemporel, qui l'appelle.
C'est le mental et la mémoire qui créent l'illusion du temps et de la causalité, de la relation et de l'interdépendance qui sont apparemment des lois qui régissent le monde des formes mais qui n'ont rien à voir avec l'éveil, la libération.


L'ego engendrant un trouble, puis une souffrance, le corps semble vouloir le rejeter comme le parasite qu'il est.

Cependant il serait aussi un produit de la conscience, de l'éveil.
Ainsi l'ego est parfait, comme tout produit de l'éveil.
Son fonctionnement est parfait, et engendre parfaitement la souffrance qui tend à ramener vers l'harmonie.

* Tout est parfait car la disharmonie n'est pas vraiment la disharmonie mais l'Harmonie en mouvement. C'est totalement divin tel que c'est, la souffrance est parfaite et expression de l'amour car il n'est qu'amour. La claire vision de la souffrance désamorce le "souffreur" et nous établit en Cela qui est tout ce qui est.

Ensuite tu dis que l'éveil s'étant oublié un instant, c'est lui qui recherche.
Là j'ai un peu de mal à comprendre, tu parles de l'éveil comme si c'était une personne, un être vivant...
L'éveil n'est ce pas la source de la vie, ou la vie elle même? Si c'est la vie elle même... non je ne comprends pas...

* L'éveil est l'intemporel qui retrouve l'intemporel, sciemment. Il ne peut être un évènement ou une expérience car il n'y a personne pour la vivre.
Simplement il y a claire vision de l'absence du chercheur et ouverture spontanée à la totalité, à ce que nous sommes.
Dans cette absence, la véritable Présence se révèle, comme étant tout ce qui est et ultime connaisseur de tout ce qui est.


L'éveil serait la totalité ?
A la fois le fond et la forme, sans être ni l'un ni l'autre mais l'un et l'autre, sans différenciation, donc inconnaissable.
Ainsi mon mental ne peut comprendre, ce dernier à force de chercher peut, peut être abdiquer.

* Absolument!

Tu sembles employer le mot éveil comme synonyme de conscience ou source si j'ai bien compris. Et tu dis que tout est éveil.
Je peux envisager que tout est l'expression de la source.

Mais j'aimerai en revenir à l'ego.
En fait c'est une croyance qui dit "je suis séparer du reste du monde" "je suis un agissant doué de libre arbitre".
C'est bien ça?

* D'une certaine manière, il est inutile d'en revenir encore et encore à l'ego. Par ailleurs, je trouve que le mot ego est très imprécis. Disons qu'il y a un sens de l'identité qui est totalement divin et qui te permet de répondre quand on t'appelle et de retrouver le chemin de chez toi après le travail. Le problème est la transmutation de ce sentiment d'identité en identification. D'un sens tout-à-fait impersonnel, nous en passons à un concept, une croyance autour duquel nous faisons tourner la totalité de notre vie. Nous ne nous rendons pas compte à quel point nous sommes dévoués jusqu'à l'aveuglement à cette chimère. Et nous vivons entièrement prisonnier d'un rêve que nous ne voyons plus comme totalement divin. Notre vie a désormais un sens, un but et la joie et la beauté sont perdues, entièrement recouvertes par le devenir.

L'ego n' a donc aucun pouvoir de perception, c'est juste un objet que je ne perçois pas encore comme un objet mental.
Sa source est l'éveil, comme une lumière qui se reflette dans le prisme de l'ego, et il en ressort différentes couleurs qui proviennent pourtant d'une seule.
C'est comme si l'une des couleurs oubliait qu'elle n'était pas séparée des autres et effectivement sous un certain angle on voit bien différentes couleurs.
Dans mon exemple le truc serait de pouvoir regarder en amont pour voir qu'à la source il n'y a qu'une lumière blanche qui contient en elle le potentiel de pluralité.

* Je pense que je peux être d'accord avec ton exemple de la lumière et du prisme.
Simplement, le truc est qu'il n'y a pas de truc, et surtout rien que l'on puisse faire pour voir ou ne pas voir. A un moment le faux est vu (car il n'est que vision) et la lumière blanche nous tombe dessus, comme l'amour qu'elle est. Mais ce n'est pas une loterie car en fait tu as toujours été lumière, pure vision.


Mais sur un plan optique je peux voir cela... c facile de prendre un recule, mais au niveau de l'ego c'est particulier.
Je crois qu'il m'est arrivé d'avoir une sorte de recul déjà...

* Oui... penser qu'il y a plusieurs niveaux est une vue de l'esprit qui divise tout. Il n'y a rien de tel, rien de quoi nous devrions prendre du recul car tout est la perfection, tout est un.

Tu dis qu'on ne peux trouver l'ego... étant informaticien, je vois l'ego comme un programme, qui donne une mauvaise information, mais qui fonctionne parfaitement bien pour donner cette mauvaise information.
Donc je pense qu'il est constitué d'un réseaux neuronale, qu'il est ainsi localisable.

* Profondément, rien n'est localisable, pas plus l'ego que le corps que les pensées que Dieu.
Toute localisationn est le produit du mental qui a besoin d'une telle sécurité pour se croire en contrôle. Où est le corps? Ici ne peut exister que par le là-bas. Où est le là-bas? Il n'y a que ce qui est, ici même en cet instant, apparaissant dans la Conscience.

L'ego est un programme en constant changement, il y a une infinité d'egos, c'est la mémoire qui crée une illusion de continuité. D'autre part, tu n'as jamais fait l'expérience d'un réseau neuronal, comme tu n'as jamais fait l'expérience d'une pensée dans le cerveau.


Je conçois également que l'ego peut s'évanouir en une fraction de seconde, comme si l'on voit que le serpent n'est qu'une corde.

* Que l'ego s'évanouisse ou pas ne nous intéresse pas tant que cela. Ce dont nous sommes amoureux ici, c'est de la claire vision constante et absolue qu'il y a ou pas d'ego.
Dans cette claire vision il y a libération, ce qui est sans relation avec le fait de se détacher.
En même temps, bien sûr, même si c'est totalement inexact, il y a dans l'éveil, à un moment qui le précède, le sens de tout perdre. Nous embrassons la pauvreté absolue et embrassons l'absolue richesse.


Pour l'instant je ne peux qu'imaginer que la conscience voit l'ego pour ce qu'il est... enfin...si une aperception impersonnelle voit l'ego non plus comme le sujet penseur mais comme une pensée, un objet mental.

Ensuite tu dis qu'il faut voir qu'il n'y a personne.
C'est la définition que je donne à l'éveil ou libération.

Mais l'illusion existe... donc l'ego existe mais est erroné, tout comme l'illusion du serpent existe, c'est une idée, mais une idée qui ne correspond pas à la réalité.
Donc pour l'ego cela doit être pareil, il existe, la preuve je me prend encore pour quelqu'un, mais il semblerait que ça soit faux, qu'il n'y ait en fait personne en la demeure.

* Je dirais que l'ego n'existe que dans l'intensité de notre croyance en lui.
Lorsque cette croyance tombe, plus rien ne peut demeurer que notre absolue Présence sans qualités.


Enfin, je ne voudrais pas être trop long.
Oublier que l'on est éveillé me pose un problème, car il me semble que le problème soit justement le conditionnement, donc une référence à une mémoire qui me dit que je suis quelqu'un alors que l'éveil semble être quelque chose d'éternellement neuf.
Donc c'est la croyance d'être quelqu'un qui empêcherait d'y voir clair ?

* Oui, la croyance est le divin voile qui masque la réalité. Mais la chute du voile ne dépend que de la réalité, non d'un choix ou d'une volonté personnel d'y voir clair.
La vision claire nous saisit totalement lorsque la compréhension qu'il n'est rien que nous puissions faire par nous-même s'est faite et que la lassitude de la recherche nous laisse dans une absolue humilité, que le point du sans espoir est atteint.


PS : Aujourdhui les gens fêtent la nouvelle année, mais plus ça va moins de trouve de légitimité à tout cela, je vois de moins en moins de cycles... je ne fêtes pas non plus mon anniversaire, car je crois de moins en moins en la naissance, mais plus à une réorganisation de la vie, je vois dans ces fêtes plus un mouvement de moutons qui sont conditionnés au point de manger le même jour un certain type de nourriture et d'adopter un certain type de comportement.

Il me semble que ça aille en parallèle avec la remise en question de l'existence de mon MOI.
J'en parlais à mon frère, mais lui ça ne le touche pas du tout cette histoire de non-ego, peut être parceque son ego est plus souple que moi et qu'il a moins souffert, je ne sais pas.
J'arrête là, bonne nuit :)

*Toutes ces fêtes n'ont aucun sens; et éventuellement, c'est ce divin non-sens, totalement joyeux, que nous fêtons à travers les habitudes...
Mais il n'est aucune règle

Bonne journée Philippe
Chaleureusement
Monko